2019 - La réhabilitation dans la société du risque zéro


La réhabilitation, un des principes-clé de la privation de liberté contemporaine, s’inscrit dans un changement de paradigme sociétal où la demande sécuritaire augmente de manière exponentielle. D’un côté, confronté à cette demande sociale forte, les praticiens du droit pénal et de l’exécution des peines ont réagi de manière différenciée : augmentation des mesures de sûreté sous forme de traitement institutionnels, mais non de l’internement ; plus de restrictions en matière de libération conditionnelle pour certaines catégories de condamnés à de longues peines et face aux internés, moins de mesures de transition ; un usage intensif de la détention provisoire dans certains cantons et phénomène de vieillissement de la population carcérale. Telles sont quelques conséquences de cette politique du risque zéro.

Ce changement de paradigme inquiète et peut mettre en péril ce principe qui était auparavant au cœur de l'incarcération : la réhabilitation.

D’un autre côté, la sécurité de la population ne peut être négligée, tout en sachant qu’aucune politique pénale, aucune mesure politique et aucun instrument de travail en milieu carcéral ne pourront, à l’avenir, éviter des cas de récidive.

Le Groupe Suisse de Criminologie a décidé de porter son attention sur ce phénomène : la réhabilitation dans un contexte de revendication d’un risque zéro. Il est question d’aborder les principes fondamentaux de la réhabilitation, en se focalisant sur l’évaluation du risque comme moyen ou comme obstacle à la réhabilitation. Se posera également la question de l'efficacité des mesures de réinsertion sociale autour d’un aperçu des résultats des études d’évaluation, environ 40 ans après la thèse „Nothing Works" de Robert Martinson. Une place sera faite à la procédure pénale comme facteur de désocialisation mais également de réinsertion. Enfin, nous nous pencherons sur d’autres formes de sanctions alternatives et leur efficacité.


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